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15 juillet 2014 2 15 /07 /juillet /2014 15:57

Parti unique, pensée unique, impunité…

Ce qui se passe en ce moment à l’UMP n’est pas une surprise pour moi. Dès la création de l’UMP en 2002, ce parti s’est voulu un mouvement au service du Président. Voulu par Jacques Chirac comme outil électoral après le 1er tour des présidentielles de mars 2002, il s’est appelé : Union pour la Majorité Présidentielle. Il regroupait le RPR, Démocratie Libérale et Ecologie bleue. Dès les législatives de juin 2012, les 2/3 des députés UDF s’y sont ralliés. Jacques Chirac était en tête du 1er tour avec seulement 13,75% des inscrits et 19,88% des votants, devant Jean-Marie Le Pen avec 16,86% et Lionel Jospin avec 16,18%. Il savait qu’il serait largement élu au 2ème tour, puisque le PS avait appelé au vote républicain. Au lieu de réunir les forces vives démocratiques dans un gouvernement d’union nationale qui aurait pu engager les réformes structurelles en même temps que Gerhard Schröder en Allemagne, Jacques Chirac a voulu un parti à sa botte pour tenir une majorité écrasante. Avec 47,26% des suffrages exprimés et 27,3% des inscrits, l’UMP a obtenu 309 sièges sur 519, soit 59,5% des sièges. C’est Jean-Louis Debré, actuel Président du Conseil Constitutionnel qui fut président de l’Assemblée Nationale de 2002 à 2007. Il faut rappeler que le Front National, présent au second tour des présidentielles n’a obtenu aucun député. Lors du renouvellement triennal du Sénat en 2004 l’UMP disposait de 47% des sièges, et là encore 0 sénateur FN. Le Président était bien sur un UMP, Christian Poncelet.
Il y a donc eu constitution à droite d’un parti unique détenteur de tous les pouvoirs et porteur d’une pensée unique. Celui qui était dans le moule était récompensé, celui qui ne partageait pas la pensée du chef devait être mis à terre. A partir de là on se trouvait dans une situation d’absence de démocratie. C’est pour cela que j’ai refusé en 2002 de quitter l’UDF pour rentrer à l’UMP, et je ne le regrette pas. J’ai toujours eu un jugement sévère sur Jacques Chirac et sur l’UMP, car ils ont étouffé la démocratie. Il était clair que ces comportements hégémoniques ne pouvaient que déboucher sur de la corruption. Le pouvoir change les hommes, mais le pouvoir absolu les rend fous. Le système du bipartisme, que je dénonce inlassablement depuis des décennies, ne peut que déboucher sur les comportements malhonnêtes. Tout est fait pour conquérir le pouvoir ou le garder. Ce pouvoir n’est plus exercé au nom de l’intérêt général, mais au nom d’un clan et de copains. On est dans la lutte des réseaux plus ou moins mafieux et chacun a un sentiment d’impunité incroyable. Chaque fois que je l’ai dénoncé à droite comme à gauche, on me répondait que ce n’était pas pire en France qu’ailleurs. La ville de Charleville a ainsi été gérée par un clan pendant des décennies et a sombré. Tout débat y était interdit. J’ai connu l’hégémonie du RPR, puis de l’UMP au Conseil Régional. Il ne s’agissait pas d’un débat d’idées et de convictions, mais uniquement d’un rapport de force. « Vous, UDF ou centristes, combien de députés avez-vous ? Vous avez moins d’élus que nous, alors taisez-vous. » Cela me rappelait le maire PS de Charleville, Roger Mas, qui en 1991 quand j’étais le leader de l’opposition au Conseil municipal, avait refusé de répondre à mes questions en disant : « La majorité décide et la minorité se tait ». Quand je demandais à des membres de sa majorité ce qu’ils pensaient de tel ou tel sujet, il disait : « Je leur interdis de vous répondre. ». Devant ce totalitarisme, j’avais démissionné de mon mandat de conseiller municipal.
La déliquescence de l’UMP n’est donc pas pour me surprendre, mais cela ne me réjouit pas pour autant. En parlant de ces leaders de la majorité d’alors, Raymond Barre disait avec élégance que c’étaient des « coquins ». Si les leaders socialistes sont assez discrets sur ce qui se passe à l’UMP, c’est parce qu’ils savent qu’ils ont aussi des comportements peu honnêtes dans certaines de leurs fédérations. L’élection de Martine Aubry comme première secrétaire du PS en novembre 2008 au Congrès de Reims avait déjà montré des malversations internes à l’image de ce qui s’est passé ensuite à l’UMP avec l’élection faussée de Jean-François Coppé en novembre 2012. La nomination d’Harlem Désir en septembre 2012 n’a pas été plus transparente. On voit bien dans ce qui se découvre dans la gestion de l’UMP que les ténors se sont largement servis sur le dos des militants et de l’Etat qui verse les subventions aux partis. Le sentiment d’impunité est total à ce niveau de responsabilités. De plus, la notion de gestion est étrangère à une large majorité d’élus, qui n’ont pas la moindre connaissance du monde de l’entreprise. Ils trouvent normal de jouer sur la dette. On dépense sans compter et on laisse le trésorier gérer la dette. La plupart de ces élus seraient rapidement en faillite s’ils dirigeaient une PME. Faire payer le parti pour leurs déplacements leurs conjoints, leur amis leur semble naturel. Passer des vacances aux frais de la République avait semblé naturel aussi à des ministres. Un ancien sénateur, président du Conseil général des Ardennes, osait se faire verser un loyer de fonction pour habiter dans son appartement parisien rue de Rivoli. Ces élus considèrent qu’en ayant le pouvoir, ils disposent de l’argent public. Plus ils sont puissants plus l’argent doit être à leur disposition. Il semblerait indécent à Nicolas Sarkozy d’avoir à gérer sobrement une campagne électorale. La fin justifie donc les moyens. Ce n’est pas en changeant le nom de l’UMP que l’on changera les pratiques. Il en est de même au PS. Ce sont les comportements qu’il faut changer, et la transparence qu’il faut imposer. Les sanctions doivent être équivalentes à celles que l’on rencontre dans une entreprise en cas d’abus de bien social. L’argent de l’Etat ou du parti ne leur appartient pas.
J’ai été profondément gaulliste quand j’étais étudiant, ce qui était rare à l’époque. Quand j’entends dire que l’UMP est le parti gaulliste, cela me révolte. Ils ne partagent aucune des valeurs qui fondaient le gaullisme. La soumission au chef, et non aux valeurs, nous rapproche des systèmes totalitaires. On a vu ce que cela donnait dans les régimes communistes, dans les pays arabes ou dans les pays africains. Le parti unique aboutit toujours à la pensée unique et est le ferment de la corruption. Une fois encore, il est urgent de redonner de l’air à la démocratie en introduisant de la proportionnelle et en respectant le pluralisme. La décadence de l’UMP et la corruption de ses responsables doit nous y faire réfléchir.
Jacques JEANTEUR
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