Narcisse-humanitaire
Le narcisse-humanitaire, c’est tout le contraire de l’humanitaire. Il est engendré par un sentiment égocentrique qui est celui de se sentir utile à l’autre. Aussi inconsciente que pernicieuse, cette disposition peut conduire à concevoir, de manière démonstrative, que l’autre n’existe que par nous. Cette attitude, loin d’être individuelle, est dans bien beaucoup de cas, institutionnelle ; elle conditionne des hommes et des femmes, des nations entières à l’obligation de crier « au secours ». Elle constitue, à nos jours, une forme de mise sous tutelle par consentement conditionné : la néo-dépendance. Paradoxalement, elle est sournoisement latente chez l’homme de gauche*.
L’humanitaire, un composant assez négligeable de l’humanisme, se doit de s’atteler à inscrire l’homme dans la voie de la liberté, de l’indépendance et de l’assimilation de la notion « solidarité ». Voilà trois notions indéfectibles, de l’humanisme: liberté, indépendance et solidarité. L’humanisme, selon J. P. Sartre, se définirait par une intelligence transcendante par laquelle la valeur humaine serait en perpétuel mouvement positif, où l’homme sachant se projeter hors de lui, ferait exister l’homme. Les nations s’enrichiraient mutuellement ; nulle nation ne serait soumise à l’image d’une autre : ceci définit l’équilibre de l’interdépendance des nations. Pour progresser, disait Lévi-Strauss, il faut que les hommes collaborent ; et au cours de cette collaboration, ils voient graduellement s’identifier les apports dont la diversité initiale était précisément ce qui rendait leur collaboration féconde et nécessaire.
Mais sommes-nous prêt à œuvrer pour équilibrer l’interdépendance universelle des nations ?
A cet objectif, je doute fort que nous voudrions nous en approcher une seconde. Pourtant, la nécessité de penser le développement, l’économie de marcher, avec le souci permanent de la préservation de la planète, oblige à œuvrer pour l’acceptation de l’équilibre de l’interdépendance universelle des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle devrait tout autant l’être de la production intellectuelle. Je me plais à dire : Le respect de la dignité humaine, de l’éminente dignité de la personne, d’un peuple, c’est tant ne pas se suffire à penser qu’il s’accommode de notre compassion pour lui, que lui laisser la liberté d’être, de devenir différent de nous ; tel l’oiselet qui prend son envol. Si l’on oblige toutes les nations à faire leur, notre conception du monde, il n’y a plus d’humanisme : il y a obéissance et donc soumission.
Darkaoui Allaoui : 11/11/08
* Je pourrais m’étendre longuement.