Le 4 décembre 2008
La situation est ’potentiellement explosive’ dans les bidonvilles de Mamoudzou à Mayotte, en raison de la concentration d’une population jeune et démunie, selon un rapport de la commission des lois du Sénat présenté jeudi, dans la perspective de la départementalisation.
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S’appuyant sur les éléments des services de police fournis sur place à quatre sénateurs, le rapport souligne que "de nombreux jeunes sont livrés à eux-mêmes" dans les zones urbaines entourant Mamoudzou (53.000 habitants), et que cette concentration "apparaît propice au développement d’une délinquance dure".
Plus de 22.800 crimes et délits entre 2006 et 2007
Le phénomène "est aggravé par les enfants laissés seuls sur le territoire et non déclarés par leurs parents clandestins reconduits aux Comores", précise le rapport. Toutefois, selon les services
sociaux, "il semblerait qu’environ 80% des mères concernées reviendraient illégalement à Mayotte dans le mois suivant leur reconduite à la frontière". Avec 22.814 crimes et délits, la
collectivité départementale a enregistré une augmentation de 19,51% du nombre de faits constatés entre 2006 et 2007.
La délinquance générale a augmenté de plus de 442% en dix ans, et celle de proximité de plus de 179%, alors que la population de l’archipel est passée de 131.320 habitants en 1997 à 186.452 habitants (officiellement) en 2007. Dans le même temps, la population scolaire est passée de 43.158 à 70.209 (+ 62%). Selon une partie de la population, les étrangers en situation irrégulière (60.000) sont responsables du sureffectif constaté dans les classes. Mamoudzou compte 14.000 élèves pour 53.000 habitants et quatre des plus grandes écoles primaires de France (plus de 800 élèves par école). Selon le vice-recteur, 90% des élèves de l’archipel entrent à l’école sans parler le français.
Une naissance toutes les heures
Le nombre annuel de naissances (une toutes les heures) fait du centre hospitalier de Mamoudzou "la première maternité de France", 56,2% des femmes ayant accouché en 2007 sans être affiliées à la
sécurité sociale. Le rapport fait de nombreuses suggestions dont la programmation, si le oui l’emporte au référendum sur la départementalisation prévu fin mars, d’"un effort financier
exceptionnel de l’Etat sur plusieurs années". Il prône l’interdiction de toute nouvelle union polygame et la nomination rapide d’un président pour la commission de révision de l’état civil
(14.000 dossiers en instance fin 2007) dont "l’absence de fiabilité pour l’ensemble de la population a des répercussions considérables sur la fiabilité des listes électorales".
Source RFO (Avec AFP)