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13 avril 2009 1 13 /04 /avril /2009 18:46

Dzaoudzi, Mayotte : Avril 2009

Le soir du 29 Mars 2009, Mayotte semblait se redécouvrir libre, avec un sentiment de s’être plus que jamais éloignée du risque d’un éventuel retour dans le giron comorien. C’est, pour toute une génération− celle à l’origine de ce qui est convenu d’appeler, l’irrédentisme mahorais  l’aboutissement d’un  combat entamé en 1958. En s’exprimant à plus de 95% − lors du dernier référendum*− en faveur du changement de son statut (d’une collectivité départementale à un département et région d’outre-mer), les électeurs  mahorais  affirment une volonté incontestable à arrimer encore plus Mamoudzou (capitale de Mayotte) à Paris. Ce fait-là, tout démocrate, de quelque camp qu’il  soit, ne peut l’ignorer. Toute attitude contraire, correspondrait à un mépris envers la population de Mayotte, et tendrait à répéter les erreurs partagées du passé. Il convient de le comprendre et de l’accompagner. Il en va de la paix dans l’ensemble des îles de l’ancien Archipel des Comores.

Depuis Paris, à distance donc, j’ai déjà eu à m’exprimer sur le Référendum¹. Sur place, à Mayotte donc, dans la foule, le ressenti n’est absolument pas le même. J’y ai perçu la volonté mahoraise. Le sentiment qui fut le mien c’est que la population de Mayotte est bien résolue à vouloir obtenir « cette assurance vie » qu’est : devenir le 101e département français  et cinquième DOM ; pas tant pour des avantages sociaux, mais pour ne pas être phagocytée par un quelconque régime politique comorien, synonyme de régression socio-économique.

Certes la défense de la cohérence nationale comorienne, appelle les Comoriens à condamner le processus statutaire mahorais ; mais il eut fallu que les Comores fussent attractives pour que toute voix discordante eût été audible, lors de la campagne référendaire. Même les tentatives de mise en garde dudit statut restaient inaudibles.

Chronique d’une période pré-électorale

Les jours qui passaient se ressemblaient tous, en ce sens qu’ils voyaient défiler tour à tour, dans les communes de Mayotte les groupes politiques, constitués pour la circonstance, et exclusivement pour  le oui à la question « …. » ; de ces groupes j’en cite trois : l’antenne locale du MoDem à la tête de laquelle, le Député Aly Abdoulatif ; le Comité pour le oui, formation hybride des partis politiques locaux avec à sa tête, un non-politique le Dr Martial et le groupe conduit par le Préfet de Mayotte au ordre de Sarkozy (…).

On a pu franchement regretter l’absence totale de débats contradictoires ; et ce n’étaient pas les seules voix discordantes venant de dignitaires religieux musulmans qui éclairaient le Mahorais dans son choix de républicain laïque. Point de contribution du seul média public, RFO, qui a su garder une ligne unique, un moins rien partisane (!).

On sera élogieux envers le statut institutionnel proposé ; même si ici ou là, on distillera quelques mises en garde  inhérentes à ce type d’évolution, vite annoncées surmontables comme par exemple la fin de la polygamie. Evidemment, c’est tourné en dérision que de limiter les débats à celà . Mais bon !

Les débats ne furent pas à la hauteur des assoiffés de démocratie et du consentement éclairé ; de l’aveu même d’un secrétaire d’un grand parti politique local (antenne de parti national) il convenait de laisser le débat à un niveau bas ; j’ose espérer que cela fût vrai et que la classe politique, le moment venu saura  rehausser le niveau des débats, en cessant d’infantiliser le mahorais.


Jour de référendum : maturité démocratique

 

Jusqu’ici, la tradition républicaine nous habituait à avoir dans chaque bureau de vote des assesseurs de camps adverses ; il n’en était rien pour celui-ci. Pourtant cette situation était prévisible et, nous semble-t-il, le représentant de l’Etat impliqué dans le processus se devait d’assurer une telle défaillance. En manquant à ce qui semble être un devoir républicain, la représentation de l’Etat a, on ne peut mieux, espérer voir le scrutin entaché d’irrégularité. Ils en ont été pour leurs frais, puisqu’en dehors de quelques bureaux de vote, le scrutin se déroulera normalement, sans incident et mieux encore avec une maturité démocratique ; en cela les bureau de vote des grandes villes en sont exemplaires ; exemplaire  pour leur taux de participation (au environ de 50%). Contrairement à ce que l’on pourrait être tenté de dire ce taux entre 50 et 60% est  très significatif quand on sait que les listes électorales ne sont pas forcément à jour. Ces grandes villes-là ont donc démontré une grande maturité démocratique, par le respect scrupuleux des règles électorales. Qui pourrait imaginer un instant, qu’une ville comme Labattoire, emblématique dans la cause mahoraise, se soit moins mobilisée ?

Un oui massif, assez partagé dans l’île voisine

Autant le taux de participation fut l’inconnu du scrutin, autant l’enjeu du référendum était connu d’avance (le résultat en faveur du oui ne pouvait souffrir d’aucune incertitude). C’est donc avec 95,2% que les électeurs mahorais se sont prononcés en faveur d’une évolution statutaire de Mayotte dans la République française. Mais quelle signification doit-on accorder aux 4.78% de non ?  D’abord, et contrairement à ce qui est dit, il n’est en rien un vote  indépendantiste ; ensuite, il pourrait  s’agir d’un vote contestataire voire de crainte. Enfin il est l’œuvre des partisans du statu quo.

Il serait maladroit de refuser d’entendre ce message mahorais, car cela relèverait de la psychose, que dis-je de la névrose car il s’agirait ici de s’entêter à faire un problème ce que l’on admet, en off, comme n’étant pas un. J’ai parcouru les opinions dans Ndzouani, que ne fut ma surprise ! Très majoritairement, la population de cette île manifeste une grande compréhension, symptôme d’une perte d’espoir en leur régime.

De ce que sera la période post-référendum

Tout laisse à penser que les débuts du processus  seront tendus, voire difficiles, pour une catégorie de la population mahoraise. Exhortons les autorités à ne pas répéter les erreurs commises dans d’autres départements d’outre-mer : ne cédons pas Mayotte aux rapaces du grand profit au détriment du mahorais ; à travers de ce que l’on peut appeler le Pacte mahorais, donnons à l’entrepreneur mahorais toutes ses chances de réussite et humanisons l’investissement à Mayotte (…).

Quoique l’on me dise, le Pacte pour la départementalisation, affaiblit les élus et partenaires sociaux mahorais vis-à-vis du gouvernement, réduisant significativement leur marges d’action dans quelques négociations que ce soit (... )

Le problème concernera moins les avantages sociaux que les droits et devoirs demandés aux mahorais, notamment quand on exigera d’une commune, et donc de l’administré,  de financer les œuvres de mise aux normes européenne des infrastructures.

Rien n’est impossible, si la volonté et l’intérêt patriotique priment ; la quête des postes ne doit pas l’emporter sur les débats d’idées.


*Référendum du 29 mars 2009, traitant de l'évolution statutaire de Mayotte (Collectivité départementale actuelle ou évolution vers un Département et Région d'outre-mer);
1/ Approuvez-vous la transformation de Mayotte en Collectivité unique, appelée département, régie par l’Art 73 de la constitution, exerçant les compétences dévolues aux département et régions ?: "Trois raisons pour le vote blanc" le 31/01/09

                                                                                             Darkaoui
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