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5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 08:26

            Les conflits d’intérêts,

 

            Le livre de Martin Hirsch « Pour en finir avec les conflits d’intérêts », d’après les commentaires,  remet au premier plan ce fléau récurrent des cumuls de mandats et de fonctions, qui permettent d’utiliser son pouvoir politique ou administratif à des fins partisanes ou pour servir des intérêts particuliers. Le service central de la corruption au niveau européen dans son rapport de 2004 donne cette définition : « Un conflit d’intérêt naît d’une situation dans laquelle une personne employée par un organisme public ou privé, possède à titre privé, des intérêts qui pourraient influer ou paraître influer sur la manière dont elle s’acquitte de ses fonctions et des responsabilités qui lui ont été confiées par cet organisme »

            L’immoralisme de certains responsables politiques ou économiques devient un sujet principal de préoccupation des français, au même titre que le chômage ou l’insécurité. Il faut dire que les dérapages se multiplient et que chaque jour nous apporte son lot de scandales de conflits d’intérêts. La bande du Fouquet’s alimente notamment cette rubrique. Mais elle n’est pas la seule et ce n’est pas nouveau. François Mitterrand, avec l’affaire des écoutes, avait déjà frappé fort, pour protéger l’existence de sa fille cachée Mazarine Pingeot. Les emplois fictifs de la mairie de Paris étaient l’œuvre de Jacques Chirac et du RPR. Les commissions sur les marchés publics des lycées d’Ile de France étaient l’œuvre conjointe du PS, du PC et du RPR. La corruption ne connaît pas les frontières partisanes. Il n’y a pas la gauche et la droite, mais des corrompus et des gens honnêtes. Un élu peut-il utiliser son mandat pour défendre des intérêts privés ? Un dirigeant peut-il siéger dans plusieurs conseils d’administration, y compris au sein d’entreprises ayant des intérêts divergents ? Une même personne peut-elle être à la tête d’une entreprise publique et conserver des responsabilités éminentes dans une entreprise privée ? Un ministre du budget peut-il favoriser l’embauche de son épouse par une des plus grosses fortunes du pays ? Peut-on, comme expert, recommander une vaccination massive contre la grippe A tout en ayant des liens avec les laboratoires qui fabriquent ces vaccins ? Peut-on être élu d’un secteur et posséder tous les organes de presse de ce secteur ? Pour éviter ces déviances, Martin Hirsch préconise un certain nombre de règles pour sortir de la zone grise, celle où « l’on ne sait plus ce qui est de l’ordre du normal ou du déviant, du tolérable ou de l’inacceptable. » Il plaide pour une loi qui imposerait notamment aux principaux responsables politiques une déclaration d’intérêts comprenant l’ensemble de leurs revenus et interdirait le cumul de leurs fonctions avec certaines activités professionnelles.

            Dans un entretien dans « La Croix », François Bayrou se prononce pour l’instauration de règles strictes afin de prévenir les conflits d’intérêts, d’assainir les rapports entre le pouvoir et l’argent et rendre la vie publique plus transparente. « L’homme, on le sait, est faillible. Les institutions sont donc faites, non pas pour des surhommes purs et sans tache, mais pour des hommes faibles ou qui peuvent être faibles. Il faut donc les protéger contre eux-mêmes en rendant les dérapages impossibles…Le sujet de l’éthique dans la vie publique sera un sujet clé de la prochaine élection présidentielle, et je le souhaite ardemment. On ne peut plus vivre dans cet univers de mélange des intérêts. Car la démocratie ne peut pas s’accommoder du soupçon. Le ressort de la démocratie, c’est l’adhésion du citoyen ; il ne peut pas y avoir adhésion, s’il n’y a pas confiance. » Je ne peux que partager cette position, car elle montre bien la fragilité de l’homme et la nécessité de le protéger de lui-même. L’argent et le pouvoir sont de tels moteurs de tentation, qu’il faut une grande force intérieure ou de bons garde-fous institutionnels pour ne pas succomber à leurs attraits. Pour qu’il y ait ces garde-fous, il faut une volonté politique partagée par le plus grand nombre. Ce n’est pas encore le cas. L’exemple de Tapie, de la tentative de Jean Sarkozy de prendre la présidence de l’EPAD,  de l’affaire Woerth-Bettencourt le prouvent.  La tentative de rachat du journal « Le Parisien » par Serge Dassault, homme de presse (Le Figaro), sénateur, banquier, chef d’entreprise, serait une preuve de plus de l’immoralité ambiante et du conflit d’intérêts permanent. Attendons pour voir s’il réussit son coup de force et avec l’aide de qui. Dans tous les cas, il nous faut réagir.

 

Jacques JEANTEUR

                                                                        Mouvement  Démocrate

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