29 août 2011
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Libre opinion du Lundi 29 août 201
Un courage mou,
François Fillon vient de présenter son plan de 20 mesures de réduction des déficits avec un projet d’un milliard de recettes
supplémentaires en 2011 et 11 milliards en 2012. Sans aucune concertation, ni dialogue avec les leaders politiques ou syndicaux, ce projet ne semble ni discutable, ni amendable. Il comporte des
infléchissements positifs, mais aucune réforme de fond. Il traduit une prise de conscience des effets négatifs de la politique menée depuis près de 10 ans, mais il ne trace pas de véritable
alternative. Il contient des mesures de santé publique, qui n’ont rien à voir avec la dette (tabac, alcool, boissons sucrées). Pour moi, il traduit un courage mou. Pour Jean-Louis
Borloo, « Ce n’est pas à la hauteur de ce qui s’est passé cet été. Ce n’est pas la grande réforme de rééquilibrage entre l’imposition du travail et celle du capital. »
Jean-François Coppé, approuve sans surprise : « Un discours de vérité et des décisions courageuses, responsables et justes, dans la droite ligne de la gestion rigoureuse de la
majorité depuis 2007. » De son côté, Laurent Fabius dit : « Ce plan n’est pas à la mesure de nos problèmes. Il faudrait une vraie suppression des niches fiscales que nous
évaluons à 10 milliards, et un recentrage des dépenses sur 4 postes : l’emploi, l’éducation, le pouvoir d’achat et la sécurité. » La Croix, en parlant de François Bayrou, rappelle:
« Le Président du Modem a-t-il tort d’avoir eu raison le premier ? Dès la campagne de 2007, François Bayrou avait en effet placé au cœur de sa campagne présidentielle la question de
la dette publique, « Epée de Damoclès au dessus de la tête des Français. ». Le président du Modem réagit ainsi aux mesures gouvernementales : « Le discours de
présentation de ces mesures a été écrit de telle façon que personne n’y comprenne rien, et que le citoyen, même averti, ne puisse juger de la réalité des annonces. C’est une erreur. Dans une
situation aussi lourde de surendettement, il faut au contraire la clarté, la pédagogie, considérer les citoyens comme responsables, donc expliquer. Probablement y-a-t-il dans ce galimatias
technocratique des mesures de bon aloi, mais elles sont illisibles. Ce qui ressort cependant, c’est que c’est un plan de rustines…Cela ne peut tenir lieu de plan cohérent et assumé. Le grand plan
indispensable et indispensable pour tous les Français, il faudra en discuter pendant la présidentielle. »
Contrairement à ce qui est affirmé par le gouvernement, ce sont les classes moyennes qui seront les principales victimes de ce
plan de rigueur. La taxe exceptionnelle de 3% sur les très hauts revenus ne touchera que 10.000 personnes, et ne rapportera que 400 millions sur 2 ans. Le bouclier fiscal, lui, avait coûté sur 4
ans de 2008 à 2011, 2,433 milliards, soit 6 fois plus. L’éditorial du « Monde » parle, de son côté, de la bataille de la crédibilité et de l’équité et dit notamment :
« Pour autant, les économies annoncées ne font que colmater les brèches immédiates. Elles ne répondent pas au problème de l’endettement de la France (1.650 milliards d’euros) et du
déficit structurel de ses finances publiques, le plus négatif des pays de la zone euro bénéficiant encore du triple A…Les principales mesures d’économie - sur les mutuelles, l’assurance-vie ou
l’immobilier notamment- toucheront essentiellement les classes moyennes aisées ou modestes. Ce n’est pas une surprise, tant c’est la tradition en France. Mais, en matière d’équité, nul
doute que l’on peut mieux faire. A la gauche de le démontrer ». Beaucoup expliquent la situation catastrophique actuelle par le contexte économique conjoncturel. Il est bon de rappeler
que De Gaulle, en 1958, grâce au plan de redressement de Jacques Rueff et à la croissance, avait remis les finances en ordre. En 1973 et en 1979, alors que les deux chocs
pétroliers avaient fortement ralenti la croissance, la rigueur de Raymond Barre a permis de maintenir des finances publiques saines. Lors du duel télévisé en 1981, François Mitterand avait
d’ailleurs reconnu que la maîtrise du déficit budgétaire constituait « une des rares réussites ». En 1988, le politologue Jean Charlot écrivait : « La permanence de
la crise, le scepticisme des électeurs sur la possibilité d’en sortir ont empêché la percée de l’économiste Raymond Barre. » En 1995, seuls Edouard Balladur et Lionel Jospin s’étaient
inscrits dans la volonté de respecter les critères de Maastricht. En 2007, la question de la dette et des déficits publics a été essentiellement portée, comme on l’a dit, par François Bayrou.
A mon modeste niveau, alors que j’ai soutenu sans réserve Raymond Barre et François Bayrou dans leur volonté de rigueur
équitable, je considère que ces mesures ont un goût d’inachevé et d’absence d’équité. Cela me rappelle la période sur la réforme des retraites, où ce qui a été décidé, était insuffisant, et
n’avait fait l’objet d’aucun dialogue, et donc a fortiori, d’aucun consensus. Nous n’avons pas besoin de mesures imposées par l’UMP et dénigrées par le PS, mais bien d’un véritable débat national
ouvert et respectueux, qui permette de dégager une majorité de conscience et de courage. C’est ce que François Bayrou propose dans son livre « 2012, Etat d’urgence » en écrivant :
«Quels que soient les gouvernants, s’ils ont contre eux toute l’opposition et la moitié de leur majorité, ils sont sûrs d’être emportés par la vague, et donc, ils sont condamnés à reculer. Il
n’est qu’une majorité qui puisse assumer ces politiques, avec une assise suffisamment large pour créer les conditions politiques du succès. Pour porter les politiques courageuses, il faut une
majorité du courage. Ce ne peut être qu’une majorité nouvelle, non pas la majorité d’un bord contre l’autre, mais une majorité centrale. »
Jacques JEANTEUR
Mouvement Démocrate