
C’est avec beaucoup d’amertumes – mêlées de sentiment de culpabilité− que j’assiste à l’envoi à l’abattage, du baobab de l’espérance d’émancipation de la paix et de l’ordre. On battit, en lieu et place, les murs asphyxiants du peuple mahorais. Ces murs-là reposent sur une fondation nommée « pacte pour la départementalisation de Mayotte». Cet ordre et cette paix-là font l’objet d’une braderie à des fins purement personnelles.
Voici ce qui est clairement établi comme étant aveu d’échec pour ce qui était sensé être un référendum éclairé ; nulle "opinion réservée" tant à la question posée qu’au pacte accompagnant le processus n’a droit aux temps d’antenne du seul média public. Ce qui est déplorable voire minable de la part du-dit média, c'est qu'il ne conçoit l’avenir institutionnel de Mayotte qu’entre les mains des politiques asservis ; nulle autre personne ne saurait être crédible.
Je
veux être compris –grondé même− de vous, afin de panser ma culpabilité. Que signifie ma réserve à ce fameux pacte ? il représente l’arme redoutable pour l’oppression du peuple. Avec lui, on
invite les mahorais à boire, sans crainte, dans la coupe saturnine, le poison dont ils se seraient au moins défiés s’il leur eût été présenté dans un vase transparent. J’ai déjà eu à le dire, on
départementalise plus les mahorais par les devoirs que par les droits. Le contenu de ce fameux pacte, notamment en un de ses chapitres est injurieusement rétrograde de la lutte antillaise ! Avec lui, nous nous désolidarisons – et cela est regrettable− de ceux qui portent le
flambeau de la spécificité identitaire. Cette injure est double. D’une part, elle porte sur la lutte pour les droits ; le pacte scelle par voie référendaire l’immobilisme social, que dis-je,
la régression sociale ; d’autre part elle porte sur la lutte pour la fusion des frontières de la différence France continentale et outre-mer. Nos anciens ont cherché protection en la
France ; elle doit leur en rendre. Une grande nation en protégeant n’asservit pas ; elle nivèle ses protégés par le haut de sorte que
disparaissent les reflexes coloniaux, n’hésitant pas à donner à s’asseoir un fauteuil plus élevé que le sien. En faire de Mayotte un laboratoire où foisonneraient les expérimentations des plus
farfelues comme par exemple l’obligation d’une Assemblée unique se substituant aux deux conseils (général et régional), ce pendant qu’elle fait seulement l’objet d’une proposition du comité
Balladur.
D’un mouvement de grève
L’aspiration mahoraise à être des français à part entière éclate en grisou violent dans les coins et recoins de Mayotte. De ce feu là, il y a des responsabilités de part et d’autre des acteurs politiques de ce 101ème département français. Penser que l’aspiration des Mahorais à la départementalisation, pouvait se réduire à un décret, comme on donnerait une voiture miniature à un adolescent qui aspire à construire son avenir, c’était se tromper et on a de cesse de le dire. Peu ont voulu l’entendre.
Nous voici, devant la réalité ; cette réalité se nomme grève aujourd’hui ; Les syndicalistes semblent dépasser ; Paris joue les prolongations ; Les Mahorais exaspèrent.
Les perspectives de sortie de crise restent encore floues. Les conséquences locales s’annoncent compromettantes, m’avouait un Directeur d’une société. Les échéances électorales proches et la crise financière européenne seront, à n’en pas douter, peu propices à toute solution parisienne. Au Mahorais et aux seuls Mahorais revient de trouver une sortie à cette crise. Et les jours sont comptés avant qu’il ne soit trop tard.
Darkaoui