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24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 20:26

Libres opinions                                                                       Lundi 23 août 2010

            Le message du médiateur de la République,

           modem-tetes-de-liste.jpg Dans son excellent rapport annuel, le médiateur de la République,  Jean-Paul Delevoye, constate le recul général du sens communautaire et il s’en inquiète.  Il constate « la vitesse et la prégnance avec lesquelles le sentiment d’injustice se diffuse dans la société. » Il perçoit aussi « l’urgence et la difficulté qu’il y a à contrer ce sentiment, mêlant angoisse et rancœur, prêt à se déverser dans les pires exutoires. » La complexité croissante de la loi éloigne le fonctionnaire du citoyen et dégénère vite en violence et en perte du respect de l’autre.  Il constate la fragilisation croissante de notre société. « L’époque où le vivre ensemble se fondait sur l’existence de règles communes, sur des autorités de proximité les faisant respecter et sur des citoyens qui les connaissaient et y adhéraient semble révolue…L’individualisme met en exergue l’individu et le valorise dans ses réussites. Il l’isole dans ses échecs et développe alors parfois le mépris de soi qui engendre le mépris des autres. » Au travers des nombreux dossiers qui lui sont confiés, le médiateur constate que la dimension humaine est trop souvent absente du management des entreprises et des services publics. Son rôle est de défendre les plus faibles et de promouvoir le respect mutuel. Il cherche à restaurer la confiance et à redonner du sens à l’action publique  Il ne craint pas d’écrire : « Le politique, au cœur d’importants conflits d’intérêt, peine à convaincre de son impartialité…La loi n’apparaît plus comme le bouclier du plus faible contre le plus fort, mais comme une nouvelle arme aux mains du plus fort pour asseoir sa domination contre le plus faible. »

            La revue France Forum, créée il y a plus de 50 ans dans la mouvance démocrate chrétienne se veut au centre de la république. Depuis sa création, après la libération, elle va des socialistes aux gaullistes, sans aucun préjugé à l’égard de tel ou tel parti. Elle a interviewé  Jean-Paul Delevoye sur son rapport de médiateur de la République. Il rappelle qu’en 1995, le thème de campagne sur la fracture sociale témoignait encore « de la sensation d’appartenir à une communauté de solidarité. Sept ans plus tard, c’était exactement l’inverse. La société avait rapidement basculé et le thème de la sécurité signifiait en vérité que l’on ne croyait plus à la réussite de la nation. En 7 ans, on est passé de l’acceptation de l’autre au rejet de l’autre…Le champ des espérances collectives a complètement disparu…Les gens errent à la recherche du champ des espérances perdues. » Constatant que l’homme est devenu esclave de la consommation, Jean-Paul Delevoye pense qu’il n’est plus capable d’accepter des efforts pour une réussite collective. « Nous vivons dans un système bien curieux où la prime au plus fort l’emporte sur le respect de la loi ; où la vertu n’est pas nécessairement récompensée par rapport au vice. Nous avons donc un grand défi à relever : reconstruire une société humaine, où la personne, tombée à l’état d’individu-consommateur, retrouve sa dignité d’acteur de son destin. »

            Il définit ainsi la philosophie qui guide son action de médiateur : « aider nos concitoyens à adopter un état d’esprit plus positif, en passant de la gestion des peurs à la motivation de nouvelles espérances. La reconstruction du « vivre ensemble » ne pourra se faire sans offrir à chacun une place au sein du collectif, indépendamment de sa valeur sur le marché du travail, une place où son utilité d’être social soit affirmée et sa dignité d’être humain respectée. » Il considère que le service public s’est davantage intéressé au maintien de ses structures dans un statu quo confortable, plutôt que de prendre des risques pour innover dans l’intérêt des usagers. A force de ne pas apprendre à écouter le citoyen ou l’usager, l’action publique s’est enfermée dans l’immobilisme et la protection catégorielle.

            C’est un plaisir de voir que des hommes politiques de terrain, comme Jean-Paul Delevoye, qui a été pendant de longues années le président de l’association des maires de France, ont une vision lucide de notre société. Toute son ambition est de redonner de restaurer la confiance et de redonner du sens à l’action publique. Cela suppose que la loi redevienne, ce qu’elle n’aurait jamais du cesser d’être, « un bouclier du plus faible contre le plus fort. » Je partage son ambition.

 

                                                                                                          Jacques JEANTEUR

                                                                                                                 Président MoDem 08

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