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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 22:36

Libre opinion du lundi 23 septembre 2013

Les impôts,

La cacophonie gouvernementale sur la possible pause fiscale en 2014 ou 2015 ne fait qu’aggraver le sentiment de malaise général, et l’absence de confiance dans le gouvernement et le Président. Le rapport du citoyen à l’impôt est quelque chose de très complexe et très diffus. Personne n’aime payer des impôts et tout le monde souhaite que ce soient les autres qui subissent les augmentations. Avec Raymond Barre, j’ai toujours pensé que l’impôt devait être payé par chaque citoyen, quelle que soit sa situation. En effet, c’est l’impôt qui permet à l’Etat de fonctionner, et donc à tous les services publics de tourner. Or, chaque citoyen a un égal accès à ces services publics. Il serait donc normal que chacun y contribue selon ses moyens, mais chacun devrait y participer. L’exonération totale d’impôts peut laisser penser à ceux qui en bénéficient que les services publics sont gratuits, et que l’on peut les utiliser sans limite. A titre personnel, je serais favorable à un impôt minimum de 120€ par an soit 10€ par mois. Rien ne peut être gratuit et chacun doit le comprendre. Mais, d’un autre côté la course à l’optimisation fiscale me semble contraire à l’esprit civique. Il y a donc un cercle vicieux général. Moins il y a de personnes assujetties à l’impôt, plus l’impôt est lourd pour ceux qui le paient. Plus l’optimisation fiscale est forte, plus il faut lever l’impôt pour compenser. Cela explique pourquoi ce sont les classes moyennes, qui proportionnellement à leurs revenus, en paient le plus, car elles n’ont pas les moyens d’optimiser et elles n’ont pas d’exonérations..

Selon le dernier sondage réalisé par BVA, 70% des français ne croient pas à une pause fiscale. « Les Français apparaissent incrédules, non seulement sur le calendrier, mais sur la possibilité même que cette pause intervienne. » Ce qui est encore plus important, c’est que 80% des Français pensent que le système fiscal est injuste. Ceux qui ressentent le plus ce sentiment d’injustice sont les personnes qui gagnent entre 2.500 et 3.500 euros par mois. La droite avait exacerbé ce sentiment d’injustice avec le bouclier fiscal, et la gauche l’entretient avec son choix de réduire le déficit par l’impôt plus que par la réduction des dépenses publiques. L’absence de visibilité renforce ce sentiment de hausses successives et d’atteinte au pouvoir d’achat pour les classes moyennes et les familles. Cette injustice est confirmée par la dernière enquête de l’INSEE sur les revenus fiscaux et sociaux pour la période 2005-2010. Les classes populaires (niveau de vie inférieur à 1.400 euros par mois et par personne) représentent 40% de la population. Au cours de ces 5 années, elles ont touchés 11,4% des 55 milliards d’augmentation globale du niveau de vie français. Les classes moyennes (entre 1.400 et 3.000 euros) représentent 50% de la population et 50% de l’augmentation. Les classes aisées (entre 3.000 et 4.000 euros) représentent 5% de la population et 9,6% de l’augmentation. Les classes riches (plus de 4.000€ par mois) représentent 5% de la population et 30% de l’augmentation. L’impôt qui a un rôle de redistribution n’a donc pas joué son rôle au cours de cette période 2005-2010.

Dans « Le Point », Nicolas Baverez dresse un tableau très sévère, mais très partisan, de la situation en parlant de la quadruple peine du budget 2014 : « Loin de marquer une pause fiscale, le budget pour 2014 marque une nouvelle envolée des impôts : 10 milliards pour les ménages et 2,5 milliards pour les entreprises. Ils portent à 60 milliards, soit 3,3% du PIB, les nouveaux prélèvements depuis 2012…Première peine : la paupérisation…Tous les Français sont touchés par le choc fiscal, comme en témoigne la hausse de TVA. Avec un ciblage spécifique des classes moyennes et des familles. L’impôt est désormais proportionnel au nombre d’enfants… Deuxième peine : la dégradation accélérée des services publics. Alors que la dépense publique atteint 57% du PIB et que plus du quart de l’emploi relève de la fonction publique, la qualité des services rendus par les administrations s’effondre…Troisième peine : le blocage de la croissance et de l’emploi…En cassant tous les ressorts de l’activité, le choc fiscal nous coupe de la reprise qui se dessine dans les pays développés…Quatrième peine : la poursuite des déficits et du surendettement publics…Les finances du pays n’ont nullement été rétablies. Et ce pour une raison simple : la poursuite des dépenses…Au principe de la débâcle, on trouve une conception biaisée de l’impôt. Il relève des moyens et doit être un instrument au service de la couverture des charges publiques. Il a été érigé en fin, en objectif politique et moral, pour placer les Français en position d’égalité dans la pauvreté et pour les enchaîner à la ruine de l’Etat. » Cette vision catastrophique laisse penser que tout était parfait avant mai 2012, et que tout est nul depuis cette date. Si l’analyse a une part certaine de vérité, elle est trop orientée pour être crédible. C’est l’exemple même du blocage politique lié au bipartisme.

Ayant voté Hollande, je suis en droit d’être déçu, sans pour autant regretté mon vote. Je partage totalement ce que vient de dire François Bayrou : « Comme beaucoup de français, j’ai pensé qu’il fallait une alternance. J’estimais que, dans cette alternance, il y avait un espoir : que la gauche, enfin, accepterait de faire les réformes dont le pays avait besoin. Sur ce point, on ne peut que voir, constater, qu’ils ne sont pas au rendez-vous. Je ne suis pas seul dans cette sévérité. Près d’un électeur sur deux de François Hollande ne s’y retrouve pas aujourd’hui. Il y a là un ressort très important du pays. Tous ceux qui voient, vérifient, que la politique suivie ne va pas dans le sens de la nécessité nationale. Tous ceux là, aujourd’hui, sont à la recherche d’une voix politique différente. Cette voix politique différente, c’est ce que nous essayons de reconstruire au Centre. »

Jacques JEANTEUR

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