Certains parmi vous, ont exprimé leur étonnement, au sujet de ma position sur la soi-disant « immigration clandestine à
Mayotte.»
Je peux comprendre que soit soulevée la réflexion rejetant la conception-même d’immigration entre Mayotte et les trois îles de l’Union des Comores ; tant il apparaît, pour certains d’entre vous, qu’il s’agit ici de populations culturellement et socialement identiques, avec
une histoire commune. En même temps, je pense qu’il faut savoir être au-dessus de certaines considérations, qui ne trouvent leur place que dans des enjeux stériles et machiavéliques : nous
connaissons tous, le nombre de vies perdues dans le bras de mer qui sépare Mayotte (Maoré) de Anjouan (Ndzouani) ; nous n’ignorons pas non plus, la capacité d’accueil d’une île de 374 km².
L’objectivité de la société civile doit dépasser le machiavélisme des acteurs politiques. Comprendre le mouvement migratoire et en apporter les remèdes à effet immédiat, est, me
semble t-il, la seule priorité qui vaille. A la société civile j’avance ceci : quand vous avez imaginé des proches (grands, petits et très
petits) périr dans les conditions atroces que constitue la noyade, votre indifférence vaut complicité. Ne cautionnez pas l’action politique irresponsable. Il y a comme une forme de schizophrénie,
dont seraient atteints certains acteurs politiques comoriens, faisant qu’aux questions ; qu’ai-je fait à mon prochain pour mériter cela ? que dois-je faire à mon prochain
pour lui éviter un désastre humain familial et humiliations ?; ils n’avancent une once de réponse sincère. Pour être régulièrement à
Ndzouani, je n’ai pas observé l’once d’une envie de sortir de cette situation qui profite, souvent, à des filières « aux affaires macabres » avec hommes sans foi, sans éthique
agissant souvent sous la couverture de certaines autorités locales. Celles-là- même qui mettent en avant des considérations purement égocentriques (Maoré, terre comorienne, doit intégrer son
giron…), mettant très bas l’homme et la valeur humaine. L’honnêteté, le sens humain commande à dénoncer aussi cela ; de tous les textes et autre mémorandum, il n’y a pas une seule ligne. Je ne peux, non plus exonérer les autres acteurs politiques de Mayotte et de France; j’en ai parlé sur mon précédent texte ; j’y ai
même évoqué la question des visas qui, à mon sens, n’est pas l’urgence immédiate. Je persiste, l’urgence immédiate est en amont.
J’accorde une place majeure au concept de la mobilité croisée*, pour consolider l’action des remèdes à effet
immédiat ; mais ce concept ne peut se concevoir qu’à rapport économique équilibré entre les îles, faute de quoi nous risquerions d’engendrer un déséquilibre plutôt défavorable aux trois
îles de l’Union des Comores (effet aspirateur.)
Comment sortir du cas Mayotte, me demande-t-on ?
En toute modestie, ce que trois parties ne parviennent pas à solutionner, je m’imagine mal arriver. En revanche quelques pistes de
réflexion nous sont autorisées:
- le retour immédiat de Mayotte dans le giron de l’Union des Comores me semble relever d’un accouchement prématuré au
forceps : le bébé Mayotte serait voué à la mort.
- la coopération, l’échange me paraissent seul avenir capable de faire disparaître les tensions et autre méfiance et cela quelque
soit le statut institutionnel de Mayotte. Ici le concept de la mobilité croisée, a toute sa place. Il faut, cependant, reconnaître qu’aujourd’hui, les autorités comoriennes en font un
substrat de chantage : brandir la question de l’île comorienne de Mayotte au niveau des institutions internationales, aux fins d’arracher à la France une promesses d’aide voire une
contribution financière ciblée.
Faisons du respect de l’autre, mahorais, anjouanais, mohélien ou grand-comorien, notre charte de la
transcendance.
* Concept développé par l'économiste international Anrmy B. dans son récent article dont le
titre est "Osons la mobilité croisée pour unir la Nation".
Darkaoui allaoui 22/11/08