Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

Recherche

13 avril 2009 1 13 /04 /avril /2009 18:46

Dzaoudzi, Mayotte : Avril 2009

Le soir du 29 Mars 2009, Mayotte semblait se redécouvrir libre, avec un sentiment de s’être plus que jamais éloignée du risque d’un éventuel retour dans le giron comorien. C’est, pour toute une génération− celle à l’origine de ce qui est convenu d’appeler, l’irrédentisme mahorais  l’aboutissement d’un  combat entamé en 1958. En s’exprimant à plus de 95% − lors du dernier référendum*− en faveur du changement de son statut (d’une collectivité départementale à un département et région d’outre-mer), les électeurs  mahorais  affirment une volonté incontestable à arrimer encore plus Mamoudzou (capitale de Mayotte) à Paris. Ce fait-là, tout démocrate, de quelque camp qu’il  soit, ne peut l’ignorer. Toute attitude contraire, correspondrait à un mépris envers la population de Mayotte, et tendrait à répéter les erreurs partagées du passé. Il convient de le comprendre et de l’accompagner. Il en va de la paix dans l’ensemble des îles de l’ancien Archipel des Comores.

Depuis Paris, à distance donc, j’ai déjà eu à m’exprimer sur le Référendum¹. Sur place, à Mayotte donc, dans la foule, le ressenti n’est absolument pas le même. J’y ai perçu la volonté mahoraise. Le sentiment qui fut le mien c’est que la population de Mayotte est bien résolue à vouloir obtenir « cette assurance vie » qu’est : devenir le 101e département français  et cinquième DOM ; pas tant pour des avantages sociaux, mais pour ne pas être phagocytée par un quelconque régime politique comorien, synonyme de régression socio-économique.

Certes la défense de la cohérence nationale comorienne, appelle les Comoriens à condamner le processus statutaire mahorais ; mais il eut fallu que les Comores fussent attractives pour que toute voix discordante eût été audible, lors de la campagne référendaire. Même les tentatives de mise en garde dudit statut restaient inaudibles.

Chronique d’une période pré-électorale

Les jours qui passaient se ressemblaient tous, en ce sens qu’ils voyaient défiler tour à tour, dans les communes de Mayotte les groupes politiques, constitués pour la circonstance, et exclusivement pour  le oui à la question « …. » ; de ces groupes j’en cite trois : l’antenne locale du MoDem à la tête de laquelle, le Député Aly Abdoulatif ; le Comité pour le oui, formation hybride des partis politiques locaux avec à sa tête, un non-politique le Dr Martial et le groupe conduit par le Préfet de Mayotte au ordre de Sarkozy (…).

On a pu franchement regretter l’absence totale de débats contradictoires ; et ce n’étaient pas les seules voix discordantes venant de dignitaires religieux musulmans qui éclairaient le Mahorais dans son choix de républicain laïque. Point de contribution du seul média public, RFO, qui a su garder une ligne unique, un moins rien partisane (!).

On sera élogieux envers le statut institutionnel proposé ; même si ici ou là, on distillera quelques mises en garde  inhérentes à ce type d’évolution, vite annoncées surmontables comme par exemple la fin de la polygamie. Evidemment, c’est tourné en dérision que de limiter les débats à celà . Mais bon !

Les débats ne furent pas à la hauteur des assoiffés de démocratie et du consentement éclairé ; de l’aveu même d’un secrétaire d’un grand parti politique local (antenne de parti national) il convenait de laisser le débat à un niveau bas ; j’ose espérer que cela fût vrai et que la classe politique, le moment venu saura  rehausser le niveau des débats, en cessant d’infantiliser le mahorais.


Jour de référendum : maturité démocratique

 

Jusqu’ici, la tradition républicaine nous habituait à avoir dans chaque bureau de vote des assesseurs de camps adverses ; il n’en était rien pour celui-ci. Pourtant cette situation était prévisible et, nous semble-t-il, le représentant de l’Etat impliqué dans le processus se devait d’assurer une telle défaillance. En manquant à ce qui semble être un devoir républicain, la représentation de l’Etat a, on ne peut mieux, espérer voir le scrutin entaché d’irrégularité. Ils en ont été pour leurs frais, puisqu’en dehors de quelques bureaux de vote, le scrutin se déroulera normalement, sans incident et mieux encore avec une maturité démocratique ; en cela les bureau de vote des grandes villes en sont exemplaires ; exemplaire  pour leur taux de participation (au environ de 50%). Contrairement à ce que l’on pourrait être tenté de dire ce taux entre 50 et 60% est  très significatif quand on sait que les listes électorales ne sont pas forcément à jour. Ces grandes villes-là ont donc démontré une grande maturité démocratique, par le respect scrupuleux des règles électorales. Qui pourrait imaginer un instant, qu’une ville comme Labattoire, emblématique dans la cause mahoraise, se soit moins mobilisée ?

Un oui massif, assez partagé dans l’île voisine

Autant le taux de participation fut l’inconnu du scrutin, autant l’enjeu du référendum était connu d’avance (le résultat en faveur du oui ne pouvait souffrir d’aucune incertitude). C’est donc avec 95,2% que les électeurs mahorais se sont prononcés en faveur d’une évolution statutaire de Mayotte dans la République française. Mais quelle signification doit-on accorder aux 4.78% de non ?  D’abord, et contrairement à ce qui est dit, il n’est en rien un vote  indépendantiste ; ensuite, il pourrait  s’agir d’un vote contestataire voire de crainte. Enfin il est l’œuvre des partisans du statu quo.

Il serait maladroit de refuser d’entendre ce message mahorais, car cela relèverait de la psychose, que dis-je de la névrose car il s’agirait ici de s’entêter à faire un problème ce que l’on admet, en off, comme n’étant pas un. J’ai parcouru les opinions dans Ndzouani, que ne fut ma surprise ! Très majoritairement, la population de cette île manifeste une grande compréhension, symptôme d’une perte d’espoir en leur régime.

De ce que sera la période post-référendum

Tout laisse à penser que les débuts du processus  seront tendus, voire difficiles, pour une catégorie de la population mahoraise. Exhortons les autorités à ne pas répéter les erreurs commises dans d’autres départements d’outre-mer : ne cédons pas Mayotte aux rapaces du grand profit au détriment du mahorais ; à travers de ce que l’on peut appeler le Pacte mahorais, donnons à l’entrepreneur mahorais toutes ses chances de réussite et humanisons l’investissement à Mayotte (…).

Quoique l’on me dise, le Pacte pour la départementalisation, affaiblit les élus et partenaires sociaux mahorais vis-à-vis du gouvernement, réduisant significativement leur marges d’action dans quelques négociations que ce soit (... )

Le problème concernera moins les avantages sociaux que les droits et devoirs demandés aux mahorais, notamment quand on exigera d’une commune, et donc de l’administré,  de financer les œuvres de mise aux normes européenne des infrastructures.

Rien n’est impossible, si la volonté et l’intérêt patriotique priment ; la quête des postes ne doit pas l’emporter sur les débats d’idées.


*Référendum du 29 mars 2009, traitant de l'évolution statutaire de Mayotte (Collectivité départementale actuelle ou évolution vers un Département et Région d'outre-mer);
1/ Approuvez-vous la transformation de Mayotte en Collectivité unique, appelée département, régie par l’Art 73 de la constitution, exerçant les compétences dévolues aux département et régions ?: "Trois raisons pour le vote blanc" le 31/01/09

                                                                                             Darkaoui
Partager cet article
Repost0
10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 17:14
En déplacement, deux semaines durant, je ne pouvais alimenter le blog; dans les deux jours qui viennent, réflexions et analyses reprendront.
                                                                                  Darkaoui
Partager cet article
Repost0
5 mars 2009 4 05 /03 /mars /2009 00:09

 

Des Contributions pédagogiques aux airs Propagandistes pour le « oui »

 

Ce qui se voulait campagne pédagogique par les médias publics, est devenu Propagande pour le « oui inconditionnel » à la départementalisation de Mayotte par ces organes de communication. Toute opinion divergente, toute position étoile ou lumière soit elle est tue. Honte aux animateurs serviles de ses organes d’information !

C’est avec beaucoup d’amertumes – mêlées de sentiment de culpabilité− que j’assiste à l’envoi à l’abattage, du baobab de l’espérance d’émancipation de la paix et de l’ordre. On  battit, en lieu et place, les murs asphyxiants du peuple mahorais. Ces murs-là reposent sur une fondation nommée « pacte pour la départementalisation  de Mayotte». Cette paix-là, cet ordre-là, font l’objet d’une braderie à des fins purement  personnelles.

Je veux être compris –grondé même− de vous, afin de panser ma culpabilité. Que signifie ma réserve à ce référendum et à ce fameux pacte ? Au premier,  car tronqué par sa seule question : elle appelle une réponse et une seule à deux questions dissociables. Au second,  car  représente l’arme redoutable pour l’oppression du peuple. Avec lui, on invite les mahorais à boire, sans crainte, dans la coupe saturnine, le poison dont ils se seraient au moins défiés s’il leur eût été présenté dans un vase transparent. J’ai déjà eu à le dire, on départementalise plus les mahorais par les devoirs que par les droits. Le contenu de ce fameux pacte, notamment en son « b » du chapitre 3* est injurieusement rétrograde  de la lutte antillaise ! Avec  lui, nous nous désolidarisons – et cela est regrettable− de ceux qui portent le flambeau de la spécificité identitaire. Cette injure est double. D’une part, elle porte sur la lutte pour les droits : le pacte scelle par voie référendaire  la régression sociale ; d’autre part elle porte sur la lutte pour la fusion des frontières de la différence France continentale et outre-mer : le pacte nous considère comme des sous-français. Le mahorais serait complice dans la fraude ; son administration incompétente et source d’erreurs.

Nos anciens ont cherché protection en la France ; elle doit leur en  rendre. Une grande nation en protégeant n’asservit pas ; elle nivèle ses protégés par le haut, de sorte que disparaissent les reflexes coloniaux, n’hésitant pas à donner à s’asseoir un fauteuil plus élevé que le sien. En faire de Mayotte un laboratoire où foisonneraient les expérimentations des plus rétrogrades les plus humiliantes appelle réserve.

                                                                           Darkaoui Allaoui

 

*Extrait du Pacte pour la départementalisation

Nous pensons par ailleurs que les insuffisances de l’état-civil à Mayotte

sont en l’état actuel sources, d’une part d’incertitude sur les droits

auxquels vous pouvez prétendre, quelle que soit votre bonne foi, d’autre

part de fraudes de personnes en situation irrégulière, et enfin d’erreurs de

la part des services publics qui vous verseront ces futures allocations, qu’il

s’agisse de l’Etat, de la sécurité sociale ou du Conseil général.

En ce qui concerne les minima sociaux

« Seuls deux des huit minimas sociaux sont actuellement applicables à

Mayotte, ceux pour les adultes handicapés et les personnes âgées, mais à

un niveau inférieur à celui de la métropole et des DOM.

Le système des minima sociaux se caractérise par la multiplicité de

dispositifs existants obéissant à des règles et à des logiques propres en

fonction des bénéficiaires. Leur création à Mayotte ou leur montée en

charge ne peut par conséquent suivre une règle unique d’évolution. Là

encore, l’objectif est de parvenir à l’égalité sociale. Mais ces prestations en

vigueur en métropole et dans les DOM ne sont pas apparues en un jour.

Elles se sont développées au fil des décennies, en fonction de l’évolution

de l’économie et de la société. L’expérience a suffisamment montré que la

mise en place de nouvelles prestations sociales sans une assise

économique solide avait de nombreux effets pervers.

Dès l’entrée en vigueur de la départementalisation, un plan de

revalorisation des prestations existantes sera mis en oeuvre pour les

adultes handicapés et les personnes âgées, avec des augmentations

significatives.

21

Le niveau des prestations non encore étendues (revenu minimum

d’insertion, allocation de parent isolé et allocation de solidarité spécifique)

se situera à compter de leur mise en place, en 2012, à environ le quart de

ce qu’elles représentent en métropole ou dans les DOM.

La montée en charge de ces prestations sera ensuite progressive sur une

période de 20 à 25 ans, éventuellement plus rapide en fonction du rythme

du développement économique de Mayotte. »

Partager cet article
Repost0
1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 23:06

Le président polynésien Oscar Temaru s’est félicité vendredi que le président Sarkozy soit "ouvert" et souhaite aborder sans "tabou" les discussions institutionnelles concernant l’outre-mer.

Le président de la République "a dit qu’il n y aura pas de tabou dans les discussions (…) c’est ce que nous souhaitons tous", a affirmé M. Temaru devant la presse à l’issue d’un déjeuner avec le secrétaire d’Etat à l’outre-mer Yves Jégo.

Le président indépendantiste, revenu au pouvoir tout récemment à Papeete, après la démission de l’autonomiste Gaston Tong Sang, a souligné que M. Sarkozy "a également parlé de rupture" outre-mer.

"Nous sommes arrivés à la fin d’un cycle historique en outre-mer", avait affirmé le 19 février M. Sarkozy, avant d’annoncer l’organisation d’états généraux "dans chaque collectivité d’outre-mer" "dès le calme revenu".

De son côté, M. Jégo a annoncé son intention de se rendre "début mai" en Polynésie qui en est à son huitième gouvernement depuis cinq ans.

"Les évolutions institutionnelles éventuelles ne peuvent être que la conséquence d’une stratégie de développement et pas le préalable de cette stratégie", a-t-il déclaré.

Le secrétaire d’Etat a accepté à la demande de M. Temaru que deux milliards de francs Pacifique (16,76 MEUR) pris sur la dotation générale de développement économique (DGDE) soutiennent à titre exceptionnel en 2009 "l’activité économique et les salariés qui perdraient leur emploi".

Il bouclera en mai le dossier de réorganisation des relations financières de l’Etat avec la Polynésie et verra "de quelle manière l’Etat garantira aux communes des recettes et des ressources".

                                                                      Source : AFP

Partager cet article
Repost0
23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 22:32

AOCOF 2009-02-21

Ce n’est pas un samedi comme les autres ; celui du 21/02/2009 a ceci de particulier qu’il va regrouper, le temps d’une demi-journée, la communauté comorienne. En effet, à l’occasion de la journée culturelle de l’Association des Originaires des Comores en France(AOCOF), la communauté s’est donnée rendez-vous à Bussy Saint Georges ( 77). L’objectif est de montrer,  une fois encore, que malgré un  sang qui pâlit, par la force des choses – effort d’intégration aidant – les pas qui rythment nos danses folkloriques restent invariablement colorés : l’innéité de la danse.

 Alors, ici, on se donne l’accolade ; là-bas on s’esclaffe ; là-bas encore on s’enquiert  des dernières nouvelles du pays ; là-bas encore, on s’informe des derniers projets  ainsi que de leur évolution au pays. Ensuite, vient le moment tant attendu : la succession des diverses danses traditionnelles tant féminines que masculines.


Zoom sur le Tari


Genre de danse, qui puise son substratum dans les traditions yéménites et iraniennes, le Tari est  particulièrement apprécié par la femme comorienne, en ceci qu’il la valorise à travers une tenue  traditionnelle circonstancielle  deux  pièces. Le Tari  reste exclusivement féminin. C’est assises ou debout, en cercle, munies de leurs tambourins qui raisonnent par les percussions palmaires, qu’elles exécutent un mouvement latéral synchrone. Un cercle au milieu duquel une chanteuse à la voix tout aussi gracieuse officie en comorien.

Partager cet article
Repost0
18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 20:01

C’est en solidarité pleine et sans réserve aucune que nous saluons le profond mouvement social qui s’est installé en Guadeloupe, puis en Martinique, et qui tend à se répandre à la Guyane et à la Réunion. Aucune de nos revendications n’est illégitime. Aucune n’est irrationnelle en soi, et surtout pas plus démesurée que les rouages du système auquel elle se confronte. Aucune ne saurait donc être négligée dans ce qu’elle représente, ni dans ce qu’elle implique en relation avec l’ensemble des autres revendications. Car la force de ce mouvement est d’avoir su organiser sur une même base ce qui jusqu’alors s’était vu disjoint, voire isolé dans la cécité catégorielle –– à savoir les luttes jusqu’alors inaudibles dans les administrations, les hôpitaux, les établissements scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales, tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou libérales...

Mais le plus important est que la dynamique du Lyannaj –– qui est d’allier et de rallier, de lier relier et relayer tout ce qui se trouvait désolidarisé –– est que la souffrance réelle du plus grand nombre (confrontée à un délire de concentrations économiques, d’ententes et de profits) rejoint des aspirations diffuses, encore inexprimables mais bien réelles, chez les jeunes, les grandes personnes, oubliés, invisibles et autres souffrants indéchiffrables de nos sociétés. La plupart de ceux qui y défilent en masse découvrent (ou recommencent à se souvenir) que l’on peut saisir l’impossible au collet, ou enlever le trône de notre renoncement à la fatalité.

Cette grève est donc plus que légitime, et plus que bienfaisante, et ceux qui défaillent, temporisent, tergiversent, faillissent à lui porter des réponses décentes, se rapetissent et se condamnent.

Dès lors, derrière le prosaïque du « pouvoir d’achat » ou du « panier de la ménagère », se profile l’essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l’existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine un peu équilibrée s’articule entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique). Comme le propose Edgar Morin, le vivre-pour-vivre, tout comme le vivre-pour-soi n’ouvrent à aucune plénitude sans le donner-à-vivre à ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossibles et aux dépassements auxquels nous aspirons.

Ce système nous condamne à deux misères profondes
: être « consommateur » ou bien « producteur ». (1)


La « hausse des prix » ou « la vie chère » ne sont pas de petits diables-ziguidi qui surgissent devant nous en cruauté spontanée, ou de la seule cuisse de quelques purs békés. Ce sont les résultantes d’une dentition de système où règne le dogme du libéralisme économique. Ce dernier s’est emparé de la planète, il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous les imaginaires –– non à une épuration ethnique, mais bien à une sorte « d’épuration éthique » (entendre : désenchantement, désacralisation, désymbolisation, déconstruction même) de tout le fait humain. Ce système a confiné nos existences dans des individuations égoïstes qui vous suppriment tout horizon et vous condamnent à deux misères profondes : être « consommateur » ou bien être « producteur ». Le consommateur ne travaillant que pour consommer ce que produit sa force de travail devenue marchandise ; et le producteur réduisant sa production à l’unique perspective de profits sans limites pour des consommations fantasmées sans limites. L’ensemble ouvre à cette socialisation anti-sociale, dont parlait André Gorz, et où l’économique devient ainsi sa propre finalité et déserte tout le reste.
Alors, quand le « prosaïque » n’ouvre pas aux élévations du « poétique », quand il devient sa propre finalité et se consume ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de notre vie, et son besoin de sens, peuvent se loger dans ces codes-barres que sont « le pouvoir d’achat » ou « le panier de la ménagère ». Et pire : nous finissons par penser que la gestion vertueuse des misères les plus intolérables relève d’une politique humaine ou progressiste. Il est donc urgent d’escorter les « produits de premières nécessités », d’une autre catégorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument d’une « haute nécessité ».

Par cette idée de « haute nécessité », nous appelons à prendre conscience du poétique déjà en œuvre dans un mouvement qui, au-delà du pouvoir d’achat, relève d’une exigence existentielle réelle, d’un appel très profond au plus noble de la vie.

Alors que mettre dans ces « produits » de haute nécessité ?

C’est tout ce qui constitue le cœur de notre souffrant désir de faire peuple et nation, d’entrer en dignité sur la grand-scène du monde, et qui ne se trouve pas aujourd’hui au centre des négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans doute en Guyane et à la Réunion.
D’abord, il ne saurait y avoir d’avancées sociales qui se contenteraient d’elles-mêmes. Toute avancée sociale ne se réalise vraiment que dans une expérience politique qui tirerait les leçons structurantes de ce qui s’est passé. Ce mouvement a mis en exergue le tragique émiettement institutionnel de nos pays, et l’absence de pouvoir qui lui sert d’ossature. Le « déterminant » ou bien le « décisif » s‘obtient par des voyages ou par le téléphone. La compétence n’arrive que par des émissaires. La désinvolture et le mépris rôdent à tous les étages. L’éloignement, l’aveuglement et la déformation président aux analyses. L’imbroglio des pseudos pouvoirs Région-Département-Préfet, tout comme cette chose qu’est l’association des maires, ont montré leur impuissance, même leur effondrement, quand une revendication massive et sérieuse surgit dans une entité culturelle historique identitaire humaine, distincte de celle de la métropole administrante, mais qui ne s’est jamais vue traitée comme telle. Les slogans et les demandes ont tout de suite sauté par-dessus nos « présidents locaux » pour s’en aller mander ailleurs. Hélas, tout victoire sociale qui s’obtiendrait ainsi (dans ce bond par-dessus nous-mêmes), et qui s’arrêterait là, renforcerait notre assimilation, donc conforterait notre inexistence au monde et nos pseudos pouvoirs.

Nous vivre caribéens, nous penser américains,
mais dans une contestation radicale
du capitalisme contemporain


Ce mouvement se doit donc de fleurir en vision politique, laquelle devrait ouvrir à une force politique de renouvellement et de projection apte à nous faire accéder à la responsabilité de nous-mêmes par nous-mêmes et au pouvoir de nous-mêmes sur nous-mêmes. Et même si un tel pouvoir ne résoudrait vraiment aucun de ces problèmes, il nous permettrait à tout le moins de les aborder désormais en saine responsabilité, et donc de les traiter enfin plutôt que d’acquiescer aux sous-traitances. La question békée et des ghettos qui germent ici où là, est une petite question qu’une responsabilité politique endogène peut régler. Celle de la répartition et de la protection de nos terres à tous points de vue aussi. Celle de l’accueil préférentiel de nos jeunes tout autant. Celle d’une autre Justice ou de la lutte contre les fléaux de la drogue en relève largement... Le déficit en responsabilité crée amertume, xénophobie, crainte de l’autre, confiance réduite en soi... La question de la responsabilité est donc de haute nécessité. C’est dans l’irresponsabilité collective que se nichent les blocages persistants dans les négociations actuelles. Et c’est dans la responsabilité que se trouve l’invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver des solutions endogènes praticables. C’est dans la responsabilité que l’échec ou l’impuissance devient un lieu d’expérience véritable et de maturation. C’est en responsabilité que l’on tend plus rapidement et plus positivement vers ce qui relève de l’essentiel, tant dans les luttes que dans les aspirations ou dans les analyses.

Ensuite, il y a la haute nécessité de comprendre que le labyrinthe obscur et indémêlable des prix (marges, sous-marges, commissions occultes et profits indécents) est inscrit dans une logique de système libéral marchand, lequel s’est étendu à l’ensemble de la planète avec la force aveugle d’une religion. Ils sont aussi enchâssés dans une absurdité coloniale qui nous a détournés de notre manger-pays, de notre environnement proche et de nos réalités culturelles, pour nous livrer sans pantalon et sans jardins-bokay aux modes alimentaires européens. C’est comme si la France avait été formatée pour importer toute son alimentation et ses produits de grande nécessité depuis des milliers et des milliers de kilomètres. Négocier dans ce cadre colonial absurde avec l’insondable chaîne des opérateurs et des intermédiaires peut certes améliorer quelque souffrance dans l’immédiat ; mais l’illusoire bienfaisance de ces accords sera vite balayée par le principe du « Marché » et par tous ces mécanismes que créent un nuage de voracités, (donc de profitations nourries par « l’esprit colonial » et régulées par la distance) que les primes, gels, aménagements vertueux, réductions opportunistes, pianotements dérisoires de l’octroi de mer, ne sauraient endiguer.

Il y a donc une haute nécessité à nous vivre caribéens dans nos imports-exports vitaux, à nous penser américains pour la satisfaction de nos nécessités, de notre autosuffisance énergétique et alimentaire. L’autre très haute nécessité est ensuite de s’inscrire dans une contestation radicale du capitalisme contemporain qui n’est pas une perversion mais bien la plénitude hystérique d’un dogme. La haute nécessité est de tenter tout de suite de jeter les bases d’une société non économique, où l’idée de développement à croissance continuelle serait écartée au profit de celle d’épanouissement ; où emploi, salaire, consommation et production serait des lieux de création de soi et de parachèvement de l’humain. Si le capitalisme (dans son principe très pur qui est la forme contemporaine) a créé ce Frankenstein consommateur qui se réduit à son panier de nécessités, il engendre aussi de bien lamentables « producteurs » –– chefs d’entreprises, entrepreneurs, et autres socioprofessionnels ineptes –– incapables de tressaillements en face d’un sursaut de souffrance et de l’impérieuse nécessité d’un autre imaginaire politique, économique, social et culturel. Et là, il n’existe pas de camps différents. Nous sommes tous victimes d’un système flou, globalisé, qu’il nous faut affronter ensemble. Ouvriers et petits patrons, consommateurs et producteurs, portent quelque part en eux, silencieuse mais bien irréductible, cette haute nécessité qu’il nous faut réveiller, à savoir: vivre la vie, et sa propre vie, dans l’élévation constante vers le plus noble et le plus exigeant, et donc vers le plus épanouissant.
Ce qui revient à vivre sa vie, et la vie, dans toute l’ampleur du poétique.

On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant sain et autrement.

On peut renvoyer la Sara et les compagnies pétrolières aux oubliettes, en rompant avec le tout automobile.

On peut endiguer les agences de l’eau, leurs prix exorbitants, en considérant la moindre goutte sans attendre comme une denrée précieuse, à protéger partout, à utiliser comme on le ferait des dernières chiquetailles d’un trésor qui appartient à tous.

On ne peut vaincre ni dépasser le prosaïque en demeurant dans la caverne du prosaïque, il faut ouvrir en poétique, en décroissance et en sobriété. Rien de ces institutions si arrogantes et puissantes aujourd’hui (banques, firmes transnationales, grandes surfaces, entrepreneurs de santé, téléphonie mobile...) ne sauraient ni ne pourraient y résister.

Réclamer une augmentation de salaire
conséquente n’est en rien illégitime : c’est le début
d’une équité qui doit se faire mondiale.


Enfin, sur la question des salaires et de l’emploi.
Là aussi il nous faut déterminer la haute nécessité.
Le capitalisme contemporain réduit la part salariale à mesure qu’il augmente sa production et ses profits. Le chômage est une conséquence directe de la diminution de son besoin de main d’œuvre. Quand il délocalise, ce n’est pas dans la recherche d’une main d’œuvre abondante, mais dans le souci d’un effondrement plus accéléré de la part salariale. Toute déflation salariale dégage des profits qui vont de suite au grand jeu welto de la finance. Réclamer une augmentation de salaire conséquente n’est donc en rien illégitime : c’est le début d’une équité qui doit se faire mondiale.

Quant à l’idée du « plein emploi », elle nous a été clouée dans l’imaginaire par les nécessités du développement industriel et les épurations éthiques qui l’ont accompagnée. Le travail à l’origine était inscrit dans un système symbolique et sacré (d’ordre politique, culturel, personnel) qui en déterminait les ampleurs et le sens. Sous la régie capitaliste, il a perdu son sens créateur et sa vertu épanouissante à mesure qu’il devenait, au détriment de tout le reste, tout à la fois un simple « emploi », et l’unique colonne vertébrale de nos semaines et de nos jours. Le travail a achevé de perdre toute signifiance quand, devenu lui-même une simple marchandise, il s’est mis à n’ouvrir qu’à la consommation.
Nous sommes maintenant au fond du gouffre.
Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique. Même acharné, même pénible, qu’il redevienne un lieu d’accomplissement, d’invention sociale et de construction de soi, ou alors qu’il en soit un outil secondaire parmi d’autres. Il y a des myriades de compétences, de talents, de créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce moment stérilisés dans les couloirs ANPE et les camps sans barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand, les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la décroissance sélective) nous aiderons à transformer la valeur-travail en une sorte d’arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire jusqu’à l’équation d’une activité à haute incandescence créatrice. Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste, mais il s’envisagera dans ce qu’il peut créer en socialisation, en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce qu’il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre environnement...
Il s’envisagera en « tout ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue ».
Il y aura du travail et des revenus de citoyenneté dans ce qui stimule, qui aide à rêver, qui mène à méditer ou qui ouvre aux délices de l’ennui, qui installe en musique, qui oriente en randonnée dans le pays des livres, des arts, du chant, de la philosophie, de l’étude ou de la consommation de haute nécessité qui ouvre à création –– créaconsommation.
En valeur poétique, il n’existe ni chômage ni plein emploi ni assistanat, mais autorégénération et autoréorganisation, mais du possible à l’infini pour tous les talents, toutes les aspirations. En valeur poétique, le PIB des sociétés économiques révèle sa brutalité.

Voici ce premier panier que nous apportons à toutes les tables de négociations et à leurs prolongements : que le principe de gratuité soit posé pour tout ce qui permet un dégagement des chaînes, une amplification de l’imaginaire, une stimulation des facultés cognitives, une mise en créativité de tous, un déboulé sans manman de l’esprit. Que ce principe balise les chemins vers le livre, les contes, le théâtre, la musique, la danse, les arts visuels, l’artisanat, la culture et l’agriculture... Qu’il soit inscrit au porche des maternelles, des écoles, des lycées et collèges, des universités et de tous les lieux connaissance et de formation... Qu’il ouvre à des usages créateurs des technologies neuves et du cyberespace. Qu’il favorise tout ce qui permet d’entrer en Relation (rencontres, contacts, coopérations, interactions, errances qui orientent) avec les virtualités imprévisibles du Tout-Monde... C’est le gratuit en son principe qui permettra aux politiques sociales et culturelles publiques de déterminer l’ampleur des exceptions. C’est à partir de ce principe que nous devrons imaginer des échelles non marchandes allant du totalement gratuit à la participation réduite ou symbolique, du financement public au financement individuel et volontaire... C’est le gratuit en son principe qui devrait s’installer aux fondements de nos sociétés neuves et de nos solidarités imaginantes...

Projetons nos imaginaires dans ces hautes nécessités jusqu’à ce que la force du Lyannaj ou bien du vivre-ensemble, ne soit plus un « panier de ménagère », mais le souci démultiplié d’une plénitude de l’idée de l’humain.

Nous appelons donc à ces utopies où le Politique
ne serait pas réduit à la gestion des misères
inadmissibles ni à la régulation des sauvageries du “Marché”


Imaginons ensemble un cadre politique de responsabilité pleine, dans des sociétés martiniquaise, guadeloupéenne, guyanaise, réunionnaise nouvelles, prenant leur part souveraine aux luttes planétaires contre le capitalisme et pour un monde écologiquement nouveau.

Profitons de cette conscience ouverte, à vif, pour que les négociations se nourrissent, prolongent et s’ouvrent comme une floraison dans une audience totale, sur ces nations qui sont les nôtres.

An gwan lodyans qui ne craint ni ne déserte les grands frissons de l’utopie.

Nous appelons donc à ces utopies où le Politique ne serait pas réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation des sauvageries du « Marché », mais où il retrouverait son essence au service de tout ce qui confère une âme au prosaïque en le dépassant ou en l’instrumentalisant de la manière la plus étroite.

Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l’individu, sa relation à l’Autre, au centre d’un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté.

Ainsi, chers compatriotes, en nous débarrassant des archaïsmes coloniaux, de la dépendance et de l’assistanat, en nous inscrivant résolument dans l’épanouissement écologique de nos pays et du monde à venir, en contestant la violence économique et le système marchand, nous naîtrons au monde avec une visibilité levée du post-capitalisme et d’un rapport écologique global aux équilibres de la planète....

Alors voici notre vision :
Petits pays, soudain au cœur nouveau du monde, soudain immenses d’être les premiers exemples de sociétés post-capitalistes, capables de mettre en œuvre un épanouissement humain qui s’inscrit dans l’horizontale plénitude du vivant....

Ernest BRELEUR
Patrick CHAMOISEAU
Serge DOMI
Gérard DELVER
Edouard GLISSANT
Guillaume PIGEARD DE GURBERT
Olivier PORTECOP
Olivier PULVAR
Jean-Claude WILLIAM

.

(1) les intertitres sont de la rédaction de Telerama.fr

 

Partager cet article
Repost0
11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 22:18

Rappel:
Dans la perspective d'un référendum à Mayotte, susceptible de traiter du devenir statutaire de cette île, je mets en ligne un sondage informel, aux seules fins de nourrir le débat. Merci de bien vouloir y consacrer une min de votre temps en vous reportant au site suivant:
http://darkaoui97.free.fr/   (en bas à droite de la page)
                                                                                       Darkaoui

Partager cet article
Repost0
11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 14:19

Accablante pour les compagnies pétrolières

E

n marge du conflit aux Antilles française, voici une note établie à l’attention du secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer Yves Jégo sur la fixation des prix du carburant aux Antilles et en Guyane qui s’avère accablante pour les compagnies pétrolières, accusées de s’enrichir parfois "sans cause" sur le dos des consommateurs.

Le document, rédigé par un des membres d’une mission d’inspection interministérielle, critique également l’Etat : "Le dispositif actuel de fixation des prix par les préfets (…) prend l’eau de toutes parts".

Créée en décembre dernier par M. Jégo, la mission d’inspection est composée de trois membres (Inspection générale des finances, Inspection générale de l’administration et Conseil général des mines). Elle s’est déjà rendue en Guyane et aux Antilles.

Selon le texte, dont l’AFP s’est procuré une copie, "les services de l’Etat sont incapables de justifier la base de calculs" servant à la fixation, par les préfets, des prix du carburant en Guadeloupe, Martinique et Guyane.

Les trois DOM sont approvisionnés en carburants par la Société anonyme de raffinerie des Antilles (SARA), filiale de Total qui exerce un monopole de fait.

Depuis sa fusion avec Fina et Elf, Total exploite également près de la moitié des stations-services des trois départements.

Selon la note, "le coût des approvisionnements n’est pas déterminé sur la base des approvisionnements réels" mais selon "une formule intangible", qui s’applique même si la raffinerie installée en Martinique "est arrêtée", comme en 2007. La marge de raffinage "de l’ordre de 85 millions d’euros par an", subit des "variations de plus de 15 % dans son évaluation entre deux documents successifs, sans justification", s’inquiète encore l’auteur du rapport.

Le coût du transport des produits finis vers la Guadeloupe et la Guyane, par des navires armés ou affrétés par la SARA, "n’est pas plus explicité".

La note relève aussi "un enrichissement sans cause des pétroliers (qui) n’a jamais été mis sur la table" : "l’effet dit de dilatation". Autrement dit, selon l’auteur, le carburant est facturé aux stations-services sur un volume donné à la température de 18°, mais il leur est livré à une température ambiante autour de 30°, ce qui augmente son volume, et donc son coût.

"Ce système profite largement à tous, sauf au consommateur et à l’Etat" : "en particulier à la SARA" avec son "objectif de rentabilité annuelle de 12 %", "aux pétroliers avec un taux de rentabilité de 15 %, au moins pour Total" et aux détaillants.

Les gérants reçoivent ainsi "une belle indemnisation de 150.000 euros en cas de départ définitif, mais aussi un petit bonus (de 15 à 20.000 euros) à chaque reconduction de contrat".

Yves Jégo a reconnu sur la foi de cette note, dans la dernière édition du Journal du Dimanche, "un vrai problème de transparence et même un questionnement sur un enrichissement sans cause des compagnies pétrolières".

Et le secrétaire d’Etat de menacer : "Tout pourrait se terminer par une action judiciaire de l’Etat contre elles".

Sources : AFP

Partager cet article
Repost0
9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 22:50

Mayotte : Pacte vers….une guerre civile !

 

E

n taisant la raison de leur adhésion inconditionnelle au "Pacte pour la Départementalisation de Mayotte", les élus de la majorité UMP et une poignée d’autres dont des respectables, posent délibérément l’île sur le cratère d’un volcan en veille. Le soulèvement des populations des DOM, notamment de la Guadeloupe et de la Martinique est là pour illustrer mon propos ; son ampleur dépassera de loin celle de la Guadeloupe. En Guadeloupe, aujourd’hui, le secrétaire d’Etat à l’outre-mer propose tout le contraire de ce qu’il fait entériner par voix référendaire à Mayotte. Pour cette île de l’océan Indien, Yves Jégo   propose un pacte auquel aucun acteur politique − digne de ce nom − doté d’une instruction de niveau élémentaire ne peut souscrire. L’amateurisme politique privilégie la politique de l’instant. En départementalisant Mayotte, d’abord par les devoirs et contraintes − les droits étant renvoyés aux calendes grecques  – Jégo et ses acteurs du Pacte livrent, dans le très court terme, Mayotte à une révolte qui dépassera le simple blocage des routes ou autres stations de carburants. Une révolte à faire fuir, de l’île, un secrétaire d’Etat (sa sécurité n’y étant pas garantie). De plus, en pareil cas, confusion et manipulation deviennent les armes − à bas prix – qui équipent le peuple. Les victimes ne seront pas que des anjouanais. D’ailleurs, le bon sens invite à méditer  les récents propos du secrétaire départemental de l’UMP, Ali Souf − et de les remettre  dans un contexte pas si lointain dans lequel on a su organiser une chasse à l’homme indépendantiste −  accusant  sur les ondes de RFO, les professeurs (majoritairement européens) de pousser leurs élèves à voter « non » lors de la prochaine consultation des Mahorais.

 

Que je considère les acteurs politiques mahorais opportunistes ou sincères, je les vois toujours appliqués à une unique tâche, tous et chacun en particulier : dire ce que veut entendre le mahorais. Et ce, à vrai dire, non pas en vertu d’un sentiment patriotique, mais simplement parce que  l’intérêt individuel le dicte. Je veux croire, jeunesse, à votre sursaut !

Le ballet de parlementaires

Voici un point intriguant ! Depuis quelques semaines, alors que le "oui" au référendum semble acquis (de la bouche même d’un parlementaire), les missions parlementaires se succèdent et se ressemblent à Mayotte. Curieusement, nos dépensiers du Palais bourbon, se délectent de propos d’un auditoire trié sur le volet et acquis au « oui aveugle. » Le procédé est assez ridicule. Ce qui nous est vendu comme mission parlementaire de mise en garde, devient vite  mission parlementaire de séduction, un brin narcissique.

 Qu’importe si cette disposition « va-t-en oui » inconditionnelle est encore une fois bâtie sur une manipulation de l’opinion publique à des fins politiciennes ou individuelles. Comment des hommes capables de s’inscrire dans la logique des Leçons de l’Histoire pour analyser les conflits, peuvent adhérer à une telle supercherie ?!

Leçon guadeloupéenne

L’irrédentisme de l’île par les Comores ne doit pas être une raison pour une politique de l’instant. Gardons raison et n’entérinons pas par voix référendaire ce que les guadeloupéens rejettent par la révolte.
                                                                         Darkaoui Allaoui

 
Partager cet article
Repost0
9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 09:59

Au vingtième jour de la grève "contre la vie chère", le secrétaire d'Etat à l'outre-mer Yves Jégo est rentré à Paris. Ce départ surprise, dimanche 8 février, est mal accueilli dans l'archipel. M. Jégo s'est voulu rassurant :  "La décision a été prise en début d'après-midi et tout le monde a été informé : il n'y a aucune raison de s'affoler", a-t-il dit sur Radio Caraïbes Internationale (RCI), en précisant sur RFO peu avant de prendre l'avion  : "Mon départ n'est pas un abandon, je fais un saut à Paris et puis je reviendrai avec des propositions concrètes." "Il reste un point de blocage, les salaires, et le patronat s'est tourné vers l'Etat pour trouver une solution", a-t-il ajouté. M. Jégo vient rendre compte au premier ministre, François Fillon, et à sa ministre de tutelle Michèle Alliot-Marie.                                                                                                                           AFP/Julien Tack

Source: LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 09.02.09 | 07h07  •  Mis à jour le 09.02.09 | 08h16

Partager cet article
Repost0